Leader aux yeux des uns, simple mortel aux yeux des autres. Avec Jean Felix Mwema Ngandu
Le leadership est un sujet très à la mode. Pas facile de s’y retrouver dans toutes ces publications. Un point peu traité dans les écrits est l’influence de la situation, du groupe en question et des caractéristiques de l’individu sur sa capacité de leadership. Pour bien comprendre, rien de mieux qu’un petit récit…
C’est l’histoire de Bertrand, dirigeant d’une PME d’une cinquantaine de personnes.
Il a monté son affaire seul ,à la force du poignet, bravant tous les obstacles que l’on a pu dresser devant lui. Et ils furent nombreux ! Ses employés sont fiers de lui et de son parcours.
Plusieurs fois par an, il a à coeur de réunir ses collaborateurs pour leur donner un nouveau souffle. C’est un moment important pour lui. Un moment privilégié qui lui permet de prendre le pouls de ses équipes. Lors de ces réunions, il est écouté religieusement. Ses salariés boivent littéralement ses paroles. Il a cette capacité d’entraîner ses troupes dans de nouvelles directions sans être confronté à une levée de boucliers.
Pourtant il s’agit de quelqu’un de très dirigiste. La gestion du changement n’est pour lui qu’une simple formalité. « C’est qu’il a un sacré charisme », comme le dit Bernadette, la responsable RH. Bien sûr, tout n’est pas toujours rose… Certaines personnes ont parfois plus de mal que d’autres avec ce tempérament… Malgré cela, il reste très respecté et écouté.
Eh oui ! Bertrand est l’exemple type que l’on peut se faire d’un leader !
Il est également très impliqué dans l’association professionnelle à laquelle appartient son entreprise. Il participe à de nombreuses commissions et se montre très actif.
D’ailleurs, le président actuel de l’association va partir en retraite. C’est pour Bertrand l’occasion de briguer ce poste qu’il convoite en secret depuis des années… Après avoir su actionner les bons leviers, quelques mois plus tard, l’en voici enfin président…
Fort de son style habituel et sûr de son leadership naturel, notre chef d’entreprise anime les réunions de l’association professionnelle avec la même verve qu’avec ses employés. Mais voilà : cela se passe mal… Les autres membres de l’association le trouvent arrogant, trop sûr de lui, pas assez à l’écoute… C’est qu’il fait face cette fois à un parterre de dirigeants… comme lui !
En prise avec ce groupe, il n’est plus le leader comme il peut l’être aux yeux de ses employés.
Le temps passe, Bertrand s’accroche dans son poste au sein de l’association professionnelle. Et puis vient la crise… Les mauvais résultats plombent les comptes des membres. Bertrand profite de la situation. Il redouble de dynamisme et malgré un ton toujours aussi directif, il essaie de mettre les adhérents en mouvement en proposant plusieurs initiatives pour mutualiser certaines charges. Et voilà la mayonnaise en train de prendre ! Les plus réticents à son style deviennent plus attentifs et reconnaissent ses qualités : » un peu autoritaire, mais quel charisme ! », « une véritable force de proposition ! », « il ne baisse jamais les bras ! »…
Que s’est-il passé ?
Le leadership se construit sur 3 domaines :
L’individu : il s’agit des caractéristiques inhérentes à la personne en question
La situation : c’est le moment présent où l’individu est en situation de management
Le groupe considéré : cela représente le groupe sous influence
Le leadership est dépendant de ces trois variables.
Dans le premier cas, Bertrand possède une forte aura au sein de son entreprise. La situation est normale, les employés sont sous influence, son pouvoir de leader est élevé.
Dans le deuxième cas, la situation ne présente rien de particulier. Bertrand est dans un rôle de président de l’association professionnelle. Le groupe est constitué de chefs d’entreprise comme lui. Il n’a pas de pouvoir de leader.
Le dernier cas est caractérisé par une évolution de la situation qui modifie la perception du groupe de dirigeants. Bertrand remonte sa capacité d’influence.
A travers cet exemple, il apparaît clairement que l’on n’est pas leader dans l’absolu. En effet, d’autres paramètres viennent modifier ce jeu de pouvoir… Si le charisme est une qualité innée, il faut toutefois savoir le mettre en valeur de façon adéquate pour en faire une véritable force de frappe… et non le subir comme un défaut que bon nombre confondraient avec de l’arrogance…
Pour finir, toute ressemblance avec des faits ou personnages réels serait totalement fortuite…
Par Laurent Granger
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